L’Ouclipo :
un Ouvroir de clinique potentielle
L’Ouclipo est un dispositif de l'association de psychanalyse Encore consacré depuis 2013 à la clinique psychanalytique.
L’enjeu est d’élaborer et de repérer à partir de différents supports (écrits ou autres) ce qui peut s'entendre et se transmettre de cette clinique.
Nous nommons ce dispositif « Ouclipo » (Ouvroir de clinique potentielle) car la difficulté propre à la clinique nous a rapprochés de la pratique de création littéraire de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle).
Un ouvroir désigne à l’origine « un lieu où plusieurs personnes travaillent ensemble ». C’est un atelier où on œuvre, plutôt à des travaux de couture (tissage, coupure, raboutage).
Comme la littérature oulipienne, la clinique psychanalytique est potentielle : elle n’est pas assurée, garantie, ni déjà-là. D’autre part, écrits oulipiens et formations de l’inconscient sont tissés de traits d'esprit.
Même si des points de convergence nous ont frappés, il ne s’agit pas d’un collage trait pour trait : l’écart le plus élémentaire est que nous ne souhaitons pas nous éloigner du réel à quoi la clinique nous confronte, ni ne visons une création littéraire ou esthétique.
Notre projet est de travailler à l’élucidation de ce qui fait notre tâche analytique quotidienne, que l’on soit en place d’analysant, d’analyste, de lecteur, de public d’une présentation de malade…
Nous posons comme contrainte que les participants ne proposent pas comme support un matériel clinique issu de leur propre pratique.
Pour l’instant nous avons retenu trois types de supports dont la sélection fait elle-même partie du travail engagé: des textes cliniques (présentations de malades, récits de cas) ; des œuvres littéraires, picturales ou cinématographiques ; des textes psychanalytiques portant plutôt sur la technique.
Des cartels se réunissent durant l'année pour travailler à partir de ces supports et présenter ensuite lors de séances plénières le fruit de leur rencontre, chacun y allant alors de sa parole personnelle. Nous nommons ces groupes "cartels" en référence à la logique collective à laquelle se réfère ce terme. Le dispositif global peut être lu comme le +1 de ces cartels puisqu'il assure à la fois le tourbillon, la permutation des personnes (les cartels changent à chaque fois), ainsi que le passage au public. Le dispositif global est ainsi actif comme instance tierce dans la réunion du petit groupe. Nous constatons comme effet de cette logique que chaque participant est amené à incarner de manière impromptue et ponctuelle cette fonction au sein du cartel.
Finalement, nous souhaitons que l'ouclipo permette à chaque participant de préciser son rapport à la psychanalyse qui, s’il reste toujours singulier, sera devenu davantage public, dialectisé et (on l’espère !) éclairé.
Simone Wiener et Vincent Clavurier